Managers, décollez les étiquettes !

« Les jugements hâtifs sur mes collaborateurs, j’adore. Je les classe par catégorie : les bons, les nuls. J’aime les raccourcis, c’est efficace. Dans une équipe, il y a toujours un introverti, un rebelle, une hystérique et j’en passe. » Fort heureusement, aucun manager ne s’exprimerait dans ces termes. Dans nos entreprises, nous prônons l’adaptabilité, la bienveillance, l’agilité managériale. Pour autant, respectons-nous toujours le principe, à priori !, simple de ne pas coller d’étiquettes sur nos collaborateurs ? Osez douter de vous et faites le test !

Tout commence en Mars 2015. Après une réunion, nous échangeons avec Anne, l’une de mes collaboratrices. Elle est agacée par le comportement d’un participant – Christophe. Christophe s’est vivement opposé, à notre recommandation la qualifiant d’ « irréaliste » .

« – Il est insupportable, odieux, me dit-elle, levant les yeux au ciel. » « On sait bien comme il est : toujours agressif. Et sur le fond, il surrévalue tout le temps les risques, lui répondis-je», la trouvant au passage quelque peu susceptible.

Revenant à mon bureau, une vague nausée m’envahit. J’ai le sentiment d’avoir failli en tant que manager, que leader et plus basiquement en tant qu’être humain. Diagnostic = Intoxication de préjugés. 

En 30 secondes, je venais de coller 3 étiquettes. 

1/ Christophe est agressif

2/ Christophe surrévalue les risques

3/ Anne est susceptible

Comment définir l’étiquette ? L’étiquette c’est un jugement, sur la base de l’expérience, que nous considérons comme définitif. Coller une étiquette nous permet de gagner du temps. De limiter notre réflexion sur une situation, en nous basant sur le passé ou sur des situations similaires. Avec toutefois 2 limites. 

✔️ Limite N°1 : l’étiquette considère que le passé se reproduit sans cesse.  « Une étiquette sans fin » Exactement comme, lors d’un repas de famille, votre oncle Jacques décrète que vous êtes « irresponsable» ou « fleur bleue ». C’était peut-être le cas il y a 20 ans. Ce n’est probablement plus le cas aujourd’hui. 

✔️ Limite N°2 : l’étiquette est collée dans un cadre précis et donc partiel. Comment dire d’un collaborateur qu’il « n’a pas le sens des responsabilités », alors qu’il accompagne une mère en fin de vie et gère sa famille ? C’est absurde. 

Or, ces mêmes étiquettes que nous supportons difficilement dans nos vies personnelles, que parfois même nous combattons activement, nous pouvons aussi les coller, sans y prêter attention, naturellement, insidieusement, dans notre vie professionnelle. 

Managers, collaborateurs, partenaires, peu importe notre case sur le grand échiquier de l’entreprise… Activons nos radars à étiquettes ! 

Pour cela, testez-vous ! Utilisez-vous pour décrire une situation avec un collaborateur, ou un collègue, les mots suivants :

Mauvais signe si ces expressions reviennent trop souvent ! A titre indicatif, sur une formation en salle, un participant utilise en moyenne 5 étiquettes pour décrire une situation de tension avec un collaborateur… pour un récit de 2 min.

Le premier pas pour supprimer les étiquettes, c’est d’éradiquer certaines expressions de notre vocabulaire. Tout simplement. 

Exprimons un avis 

– Spécifique : un fait, pas une idée 

– Précis : identifiable dans le temps 

– Factuel et sans jugement de valeur 

Ainsi, 

« Il ne sait pas s’exprimer correctement en public » deviendra « En présentation CODIR mardi, Alban est revenu sur sa recommandation à 3 reprises car le DG n’avait pas compris. »

« Il est trop sensible » deviendra « Lors de notre dernier entretien annuel, quelques larmes ont coulé lorsque nous avons abordé ses résultats »

« Ce n’est jamais assez bien pour elle » deviendra « Sur les 2 derniers dossiers remis, elle a demandé une dizaine de modifications avant de valider » 

Décoller les étiquettes, c’est considérer l’autre dans toute sa complexité et toute sa richesse. En tant que manager, c’est la condition sine qua non pour cultiver les talents spécifiques de chacun.

Comment ? A suivre dans notre prochaine publication !

Et d’ici là, un mantra : Les étiquettes sont pour les cadeaux sous le sapin … pas pour les Humains !

Sources : 

• Campagne communication River Island 

• Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs, Marshall Rosenberg

• L’école de la vraie vie 😉 

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